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Coup de gueule !


Un article du Watson news du 23.05.23 révélait les salaires des patrons des assurances-maladies.


Depuis 2021, nous vivons une récession. Cette reculade, vécue par toute la filière agricole et bio, affiche une diminution de 20% des ventes sur une année. Alors, comment ne pas éprouver un immense sentiment d’injustice, lorsque, sur quasiment la même période, le salaire des grands partons des assurances-maladies a doublé, quand bien même leurs salaires étaient déjà 10x plus élevés que les nôtres, il passe ainsi à 20x plus…


Quelque chose ne tourne pas rond dans notre beau monde !


Commençons par le début, nous sommes une ferme urbaine située à Genève. Nous produisons une partie de ce que nous vendons sur place, et nous revendons des produits d’autres confrères et consœurs de la région. Notre assortiment est tourné vers le local et le bio, avec quelques exceptions. Nous travaillons dans une logique où nous essayons de rémunérer de manière plus juste les producteurs et productrices, de valoriser une agriculture plus respectueuse de l’environnement en pensons aux futures générations, tout en restant économiquement viable. C’est pourquoi au jardin nous avons opté pour le micro-maraichage bio intensif, qui lie haut rendement avec préservation des sols et de leur biotope. Nous ne sommes pas de doux rêveurs, notre chiffre d’affaires au mètre carré est parmi le plus élevé en Suisse.


Après 13 ans d’amélioration continuelle de nos pratiques maraichères, nous pouvons dire que nous avons développé un modèle pointu qui intéresse beaucoup d'agriculteurs et agricultrices. Nous fonctionnons sans subvention pour notre travail au jardin.

Nous arrivons à dégager des salaires qui respectent le salaire minimum genevois et qui sont au-dessus du salaire plancher dans l'agriculture, soit de 17,64/heure grâce aux marges dégagées par la revente des produits au marché.


Si même dans nos conditions qui pourraient être parmi les meilleures qui soient ; richesse de la Suisse, implantation dans un quartier plutôt aisé et une fidèle clientèle, nous ne pourrions pas gagner notre vie uniquement avec notre production, nous comprenons d’autant mieux que dans le reste du monde, les paysans et paysannes sont les plus misérables. Le paradoxe monstrueux qui veut que ceux et celles qui sont à la base de la chaine alimentaire et qui nous nourrissent sont les plus mal lotis, reste la triste réalité de nos sociétés.


Mais pourquoi les prix des denrées alimentaires sont-ils si bas que cela ne permettent pas d’assurer le minimum aux agriculteurs ?


Pour rappel, la Suisse subventionne son agriculture à raison de 3,6 milliards par an, assurant quasi la moitié des revenus des agriculteurs (Budé ne reçoit pas de subvention car trop petites surfaces).

Sans cette subvention la majeure partie des agriculteurs serait en faillite.


Cette subvention intervient dans un contexte où la Suisse importe plus de la moitié de ses aliments et où les prix sont fortement influencés par les distributeurs. Le secteur agro-alimentaires, comme beaucoup d’autres, est pris dans la course aux bas prix, la nourriture low-cost à la côte. Une nourriture de plus en plus transformée et industrielle est devenue notre pain quotidien. Cette malbouffe, celle qui ne se soucie pas de l’avenir, de notre santé et de l’environnement, a cassé les prix. Ainsi, des petits producteurs comme nous qui seraient des remparts à la malbouffe disparaissent par manque de rentabilité ; chaque jour deux à trois fermes s’arrêtent de produire en Suisse.


Nos primes d’assurance maladie vont encore augmenter cette année de 7% à 10%, cela devient une habitude. Les assureurs nous disent tout bien faire, mais que les coûts de la santé s’envolent…


Contenant trop de sucre, trop de matières grasses et polluée de produits chimiques, cette alimentation malsaine et bon marché a détérioré en profondeur la santé publique. Pour preuve, l'Office fédéral de la santé publique à calculer, pour la Suisse, les coûts résultant du surpoids et de l'obésité ainsi que des maladies qui y sont liées. De 2002 à 2012, ces coûts ont triplé ; ils sont passés de 2648 à 7990 millions (presque 8 milliards) de francs par an. (OFSP 2017). Des études publiées en 2011, 2012 mettent en lumière que la consommation d’aliments ultra-transformés disponibles dans la grande distribution montre un risque accru de développer des maladies chroniques telles que le diabète de type II, l’obésité et la mortalité précoce.


Regardons où notre argent va et nous comprendrons ce qui se passe : notre budget pour l’alimentation a diminué durant ces 100 dernières années, (de 30% à 7% de nos revenus pour la nourriture) et notre budget santé a quant à lui pris l’ascenseur.


Nous n’économisons pas d’argent à acheter de la nourriture bon marché. C’est un transfert d’argent entre le budget nourriture au budget santé, avec pour résultat une détérioration de la santé générale, d’un côté, et des agriculteurs qui disparaissent de l’autre.


Mais heureusement, les salaires des grands patrons des assurances, eux ont doublé !

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